Elève de Shi Bo de novembre 2007 à novembre 2019, j’ai suivi avec lui 8 cursus (Kaishu, Kaishu libre, Xingshu, 50 poèmes en Xinshu, 30 poèmes en "bambou gracieux" : (le style créé par Shi Bo), 30 poèmes en Caoshu et l’ultime cursus de sentences en Kuangcao.
De 1993 à 2000, j’ai fréquenté les ateliers de gravures de la ville de Paris (Montparnasse puis place des Vosges) et l’atelier de dessin de la rue de Sévigné.
De 1989 à 1992, j’ai été l’élève de Christian Ferré (en peinture et dessin) et de Maurice Maillard (en gravure) à la maison des arts d’Evreux.
la jonque du voyageur est amarrée dans l’ombrage des saules
dans la pénombre, sur le lac l’air frais nocturne assaille l’auvent
sur dix milles arpents les vagues scintillantes bercent la lune brisée
le vent chargé de rosée emplit le ciel du parfum de fleurs de lotus
« L’art de la sieste – l’été » – Edition Moundarren
Dans l’étrange lumière solaire
Un étrange olivier sommeillait
La cigale au silence rongeait
D’une calme, une égale colère
Et le temps pour toujours semblait faire
De cette heure un cristal solitaire.
Sur une autre planète, est-ce vrai
Qu’il existe des cœurs et des guerres,
Des travaux, des saisons, des palais
Quand ici le néant est parfait
Dans l’étrange lumière ordinaire.
Norge Poésies 1923-1988 (Goût du bonheur) Poésie / gallimard NRF
canne à la main je sors en quête de la fraîcheur des saules sur la berge au sud du pont laqué je m’allonge dans une chaise pliante sous la lune claire, dans les barques le son des flûtes s’élève le vent se calme, sur l’étang le suave parfum des lotus
« L’art de la sieste – l’été » – Edition Moundarren
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Je travaille la calligraphie en m’appuyant sur un texte célèbre intitulé
« les 1000 caractères » formé de 250 quatrains.
Il sert de références aux calligraphes car il est composé de 1000 caractères différents.
A titre d’exemple voici le 111ème quatrain :
畫綵仙靈
peinture en couleur du monde des immortels
dans lequel on retrouve l’un des caractères du poème de Chin Kuan
Le voici calligraphié à partir des modèles de cinq grands calligraphes :
de gauche à droite
Huai Su 懷素(737–799) colonne 1
Mi Fu 米芾 (1051-1107) colonne 2
Wen Zheng Ming 文徵明 (1470-1559) colonne 3
Zhi Yong 智永 de la période des sui (581-618) colonnes 4 et 5
Zhao Meng Fu 趙孟頫 (1252-1322) colonne 6
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Voici deux autres calligraphies du poème de Chin Kuan
Les trois ensembles.
Bon mois d’Août dans la fraîcheur estivale.
Prochain article le 29 Août :
vous y découvrirez les gravures créées cet été …
Quand Wen Yu-ko peignait un bambou,
il voyait le bambou, il ne voyait plus les hommes
non seulement il ne voyait plus les hommes,
en transe il en oubliait son propre corps
son corps se métamorphosait en bambou
sublime jaillissait une fraîcheur nouvelle
depuis que Chuang-tzu n’est plus,
personne n’a connu une telle force de concentration.
« Su Tung Po – rêve de printemps » – Edition Moundarren
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C’est un peu l’état que je recherche en faisant les croquis
pendant des heures au bord de l’eau ou sous les arbres.
En voici quatre dont je vais m’inspirer
pour réaliser quatre gravures cet été.
Ce Monde n’est pas conclusion.
Un Ordre existe au-delà –
Invisible, comme la Musique –
Mais réel, comme le Son –
Il attire, et il égare –
La Philosophie, ne sait –
Et par une Énigme, au terme –
La Sagacité, doit passer –
Son concept, échappe aux savants –
Sa conquête a valu à des Hommes
Le Mépris de Générations
Et la Crucifixion –
La Foi glisse – rit, et se reprend –
Rougit, devant témoin –
S’accroche à un fétu d’évidence –
Et sur la Girouette, s’oriente –
Gesticulations en Chaire –
Grondements d’Alléluias –
Nul Opium ne peut calmer la Dent
Qui ronge l’âme –
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This World is not conclusion.
A Species stands beyond –
Invisible, as Music –
But positive, as Sound –
It beckons, and it baffles –
Philosophy, don’t know –
And through a Riddle, at the last –
Sagacity, must go –
To guess it, puzzles scholars –
To gain it, Men have borne –
Contempt of Generations
And Crucifixion, shown –
Faith slips – and laughs, and rallies –
Blushes, if any see –
Plucks at a twig of Evidence –
And asks a Vane, the way –
Much Gesture, from the Pulpit –
Strong Hallelujahs roll –
Narcotics cannot still the Tooth
That nibbles at the soul –
Emily Dickinson, traduit de l’anglais par Claire Malroux – Poésie gallimard nrf – car l’adieu, c’est la nuit – p117
à midi, l’ombre des fleurs est immobile
dans le vent printanier quelques papillons volettent
peu à peu monte une lointaine nostalgie
dans la cours profonde les premières hirondelles sont de retour
« De l’art poétique de vivre au printemps » – Edition Moundarren
Cette heure trouble où les jours se séparent de la nuit, où l’ombre se dépose dans les vallées de la terre, où le ciel s’éclaire, où tout est comme un vase qu’on a longtemps agité et qui maintenant va avoir son repos et sa clarification. Le rossignol a changé son chant. Ce n’est plus ce ruissellement de musique dont il a noyé sa femelle – et elle est sur la branche du tilleul, désormais lourde et sourde, et elle a fermé ses petites paupières rondes et le vent la balance du même balancement que les feuilles – ce n’est plus ce fleuve sonore, c’est une longue note à peine un peu tremblante. Longue comme ce déchirement de l’aube là-bas, au-dessus des collines de l’Est. Des gouttes de rosée glissent le long des feuilles des arbres, puis tombent, et les arbres sont tout tremblants et il n’y a pas de vent, mais cependant voyez comme les aulnes et les peupliers frémissent. L’air est léger. Il a cette qualité des eaux de source dans la montagne : on arrive là ; on a soif. On la voit verte, on la croit trop fraîche. On la boit, et alors on la trouve justement faite pour l’état exact de votre gosier et de votre corps à ce moment-là. Et vous repartez avec des forces nouvelles. Le soleil se lève. Avec lui les odeurs. Dans les lointaines collines, les lilas sont fleuris. Le fleuve a baissé là-bas, dans les fonds de la vallée, car l’odeur des limons vient de monter. Un écureuil a écorché les hautes branches du bouleau ; une odeur de miel vient de descendre. Les pluies passées ont découvert les racines d’un cyprès qui sentent l’anis. Une belette invisible court sous l’herbe du pré, et nous ne la voyons pas, nous voyons seulement l’aigrette des avoines qui tremble, mais nous sentons toutes les odeurs de ces herbes que la belette charrie de ses petits bonds souples, la flouve, l’esparcette, la fétuque, le trèfle et le sainfoin, la pâquerette et les mille petites herbes collées contre la terre noire, et la terre noire elle-même, avec ses champignons, ses vers, ses petits morceaux de bois pourris.
Je suis couché et je dors. Comment le jour entre-t-il en moi ? Dans le moment de cette heure trouble où le jour est né, moi-même endormi, ai été clarifié ; les rêves se sont enfuis comme le vent des arbres et le sommeil s’est déposé lentement dans les vallées de mon corps. Déjà tout ce qui émerge – pareil au sommet des collines qui dans le monde au-dehors viennent se gonfler en bosses d’or – tout ce qui émerge du sommeil en moi prend vie et chante. Je suis encore endormi mais j’entends, je sens les odeurs, je bois instinctivement à la fraîche fontaine de l’air nouveau. Les bruits et les parfums me racontent des histoires que ma pensée toute libre enregistre. Par l’odeur d’anis j’ai vu, les yeux fermés, les racines noires du cyprès ; par le chant du rossignol j’ai vu la dame rossignol ivre d’amour et de chanson nocturne, s’abandonner à la danse aurorale des feuilles ; par le froussement de la prairie et les éclats de parfum qui jaillissent dans les bonds de la belette, comme des cymbales d’odeur, j’ai suivi la course de la belette fauve depuis le tronc du saule jusqu’à sa petite bauge chaude. Enfin mes paupières sont touchées d’un épi d’or. Je m’éveille. Le soleil est posé sur mon visage.
bientôt la fin des prunes jaunes, le son de la pluie se fait rare
le sentier est couvert de mousse, le vert gagne mon vêtement
une rafale de vent se lève, la petit fenêtre n’a pas été fermée à temps
pétales de fleurs et manuscrits de poèmes ensemble s’envolent
Yuan Mei « Epicurien taoïste » – Edition Moundarren