Catégorie : technique artistique Page 2 of 4

Une poésie de Su Dong Po calligraphiée en trois styles

Une poésie de Su Dong Po de saison,
calligraphiée en trois sytles : kaishu, xingshu, xingcao

書雙竹湛師房

Inscrit sur le mur de la chambre de maître Chan
au temple des deux bambous

蘇東坡
Su Dong Po(1037~1101)

暮鼓朝鍾自擊撞
閉門孤枕對殘釭
白灰旋撥通紅火
臥聽蕭蕭雨打窗

au crépuscule on frappe le tambour, à l’aube on sonne la cloche
porte close, sur l’oreiller solitaire face à la lampe qui s’éteint
je remue les cendres blanches, aussitôt le feu se ravive, rouge
allongé j’écoute « siao siao » la pluie tape à la fenêtre

« Le poêle et le poète et autres plaisirs poétiques de l’hiver » – Edition Moundarren

Une poésie de Su Dong Po calligraphié en xingshu (style courant)  en 2021 – © Corinne Leforestier

蕭蕭 siao siao fait la pluie …

 

Le même poème calligraphié en Kaishu (style régulier)

et en xingcao (mélange de caoshu – style herbe folle et xingshu (style courant)

les 3 ensembles

bonnes fêtes de fin d’année au coin du feu

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Nouvelles gravures entre arbres, rochers et ruisseau

 Toujours inspirées des balades dans les ravins, loin des tumultes du monde, une sélection de gravures réalisées cet été.

Quatre aquatintes au sucre sur cuivre 30 x 20
tirées sur papier lana 56 x 38 sur la presse de l’artiste.

à l’ombre du saule, au bord du ruisseau  © Corinne Leforestier 2021

 

 

les bruissements du chêne  © Corinne Leforestier 2021

 

 

 

sous le chêne, à l’écart du monde © Corinne Leforestier 2021

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En reflet chatoyant, un poème de Norge

De lumière

Dans l’étrange lumière solaire
Un étrange olivier sommeillait
La cigale au silence rongeait
D’une calme, une égale colère
Et le temps pour toujours semblait faire
De cette heure un cristal solitaire.
Sur une autre planète, est-ce vrai
Qu’il existe des cœurs et des guerres,
Des travaux, des saisons, des palais
Quand ici le néant est parfait
Dans l’étrange lumière ordinaire.

Norge Poésies 1923-1988 (Goût du bonheur)
Poésie / gallimard NRF

 

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Une poésie de Su Dong Po sur l’art de peindre

Une poésie de Su Dong Po sur l’art de peindre.

Une poésie de Su Dong Po calligraphiée en xingcao en 2021 – © Corinne Leforestier

與可畫竹時 見竹不見人
豈獨不見人 嗒然遺其身
其身與竹化 無窮出清新
莊周世無有 誰知此凝神

Quand Wen Yu-ko peignait un bambou,
il voyait le bambou, il ne voyait plus les hommes
non seulement il ne voyait plus les hommes,
en transe il en oubliait son propre corps
son corps se métamorphosait en bambou
sublime jaillissait une fraîcheur nouvelle
depuis que Chuang-tzu n’est plus,
personne n’a connu une telle force de concentration.

« Su Tung Po – rêve de printemps » – Edition Moundarren

♦♦♦♦♦♦

C’est un peu l’état que je recherche en faisant les croquis
pendant des heures au bord de l’eau ou sous les arbres.

En voici quatre dont je vais m’inspirer
pour réaliser quatre gravures cet été.

prochain article : 1er Août 2021
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Au bord du monde : gravure

Tanguer au bord du monde ?

au bord du monde – aquatinte au sucre sur zinc 40 x 50 © Corinne Leforestier – 2010

Ce Monde n’est pas conclusion.
Un Ordre existe au-delà –
Invisible, comme la Musique –
Mais réel, comme le Son –
Il attire, et il égare –
La Philosophie, ne sait –
Et par une Énigme, au terme –
La Sagacité, doit passer –
Son concept, échappe aux savants –
Sa conquête a valu à des Hommes
Le Mépris de Générations
Et la Crucifixion –
La Foi glisse – rit, et se reprend –
Rougit, devant témoin –
S’accroche à un fétu d’évidence –
Et sur la Girouette, s’oriente –
Gesticulations en Chaire –
Grondements d’Alléluias –
Nul Opium ne peut calmer la Dent
Qui ronge l’âme –

♦♦♦♦

This World is not conclusion.
A Species stands beyond –
Invisible, as Music –
But positive, as Sound –
It beckons, and it baffles –
Philosophy, don’t know –
And through a Riddle, at the last –
Sagacity, must go –
To guess it, puzzles scholars –
To gain it, Men have borne –
Contempt of Generations
And Crucifixion, shown –
Faith slips – and laughs, and rallies –
Blushes, if any see –
Plucks at a twig of Evidence –
And asks a Vane, the way –
Much Gesture, from the Pulpit –
Strong Hallelujahs roll –
Narcotics cannot still the Tooth
That nibbles at the soul –

Emily Dickinson, traduit de l’anglais par Claire Malroux –
Poésie gallimard nrf – car l’adieu, c’est la nuit – p117

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Kou Zhun – Journée de printemps

Un poème de Kou Zhun calligraphié en xingcao en 2021 – © Corinne Leforestier

寇準-春晝

午晝花陰靜
春風數蝶飛
坐來生遠思
深院燕初歸

Kou Zhun (961-1023)
Journée de printemps

à midi, l’ombre des fleurs est immobile
dans le vent printanier quelques papillons volettent
peu à peu monte une lointaine nostalgie
dans la cours profonde les premières hirondelles sont de retour

« De l’art poétique de vivre au printemps » – Edition Moundarren

Yuan Mei – décrivant ce qui se passe

Un poème de yuan Mei calligraphié en xingcao en 2021 – © Corinne Leforestier

袁枚-即事

黃梅去將雨聲稀
滿徑苔痕綠上衣
風急小窗關不及
落花詩草一齊飛

Yuan mei (1716-1797)
Décrivant ce qui se passe

bientôt la fin des prunes jaunes, le son de la pluie se fait rare
le sentier est couvert de mousse, le vert gagne mon vêtement
une rafale de vent se lève, la petit fenêtre n’a pas été fermée à temps
pétales de fleurs et manuscrits de poèmes ensemble s’envolent

Yuan Mei « Epicurien taoïste » – Edition Moundarren


 Voici une autre calligraphie du même poème

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2021 : L’année du buffle

Entrons dans cette nouvelle année du buffle avec une peinture sur rocher et un proverbe

Peinture sur rocher au fil des quatre saisons © Corinne Leforestier

 

對牛彈琴

dùi níu tán qín

« Jouer du luth devant les buffles »

ce qui équivaut dans le sens le plus courant à :

« parler à un mur »

calligraphie en xingcao – 2021 – Corinne Leforestier

Il existe une autre interprétation de ce proverbe :
le musicien s’aperçoit que le buffle ne peut pas comprendre les mélodies jouées; il l’observe attentivement et change de rythme. L’animal réagit immédiatement …

Cela me rappelle une histoire arrivée à mon frère. Il s’exerçait à la bombarde (instrument à vent breton).
La fenêtre de sa chambre était ouverte. Les vaches qui se trouvaient dans le champs de l’autre côté de la rivière se sont mises à galoper vers lui et à  danser dans la prairie !

Je vous souhaite pour 2021 de trouver la bonne musique pour enchanter et faire danser le monde qui vous entoure.

Voici pour celles et ceux qui veulent s’exercer à la calligraphie chinoise, ce même proverbe en trois styles.
De gauche à droite : kaishu, xingshu, caoshu.

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Les interférences sauvage de E. Bazin : Reflets d’ondes et signes calligraphiques

Emmanuel Bazin m’a contacté au début de l’été souhaitant présenté l’une de mes calligraphies dans l’ouvrage « interférences sauvages ».
C’est un ouvrage de photographies d’eau vue de très près; un voyage entre art et science où l’eau est scrutée avec attention curieuse et ouverte.

La démarche de E. Bazin m’a beaucoup intéressée. Aussi, ai-je accepté avec joie de figurer dans ce carnet.

Voici un extrait  pour vous donner envie de suivre le courant  :

Avant propos : L’eau vue de près, une histoire et une aventure

L’eau bien sûr est universelle mais j’en ai fait une affaire personnelle : né à Cherbourg sous le signe du Poisson, c’était un bon début, confirmé en Pays d’Auge puis désormais dans le Finistère. C’est dire si cet attachement conduit mes pas. J’apprécie comme tant d’autres les paysages de mer, les bains toniques, les étangs pleins d’oiseaux, les rivières à marées, les ondées bienfaisantes, un bon verre d’eau fraîche et tous les jours je rends hommage à ses bienfaits remarquables. Mais, …

Mais la curiosité m’a poussé plus loin, au-delà des jeux et de la contemplation. Cette fréquentation assidue a aiguillé mon attention vers les étonnantes propriétés qui ont donné à l’eau la place qu’elle occupe dans l’univers ; un élément aussi omniprésent a nécessairement des propriétés pleines d’enseignements. J’ai la chance d’avoir de bons yeux qui m’ont permis très tôt de découvrir les plaisirs d’observer les petite choses de la nature comme les grandes de l’art ; c’est ainsi qu’une particularité de l’eau, m’a progressivement entraîné dans une recherche dévorante et conduit à des découvertes assez étranges que j’ai voulu partager dans ce carnet.

Emmanuel Bazin

Voici 3 photos d’œuvres d’art présentées dans le chapitre
« SIGNES. Une impression de déjà vu , dans les arts ethniques et contemporains peut-être. »

photo de E Bazin - https://www.stream-art.fr/photo de E Bazin - https://www.stream-art.fr/

photo de E Bazin - https://www.stream-art.fr/


 

Table des matières
Table des matières - les interférences sauvages de - https://www.stream-art.fr/
Ce livre peut être commandé sur le site https://www.stream-art.fr/

La traduction du poème de Han Shan peut être retrouvée ici

 

Beaux voyages au fil de l’eau   ! ……………………..

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Les dessins de l’aube

Cet été, j’ai eu peu de temps à consacrer à la création. Nous avons en effet aménagé une deuxième petite maison à Chaudon nous permettant d’accueillir plus aisément et m’offrant la possibilité de présenter plus facilement mon travail artistique. L’atelier fut donc en « déménagement ».

Pour ne pas perdre la main et l’oeil, je me suis astreinte (avec beaucoup de plaisir) à faire ces « dessins de l’aube ». Lorsque les contours sont encore imprécis,  l’on peut aisément saisir l’ensemble, l’atmosphère, sans se perdre dans les détails.  Le jour se lève vite et en commençant l’exercice lorsqu’il fait encore presque nuit, il y a le temps de s’absorber dans le paysage contemplé et ainsi tenter de rester dans l’essence-ciel.

Tous les dessins sont réalisés sur un papier 160g – 42 cm x 59 cm

Pour vous mettre dans l’ambiance, voici un son capté lors de l’une des premières matinées.

 

 

Ci-dessous, le frêne souvent dessiné

Pour finir, un extrait lu ce matin dans « pied nu dans l’aube » de Félix Leclerc.

Nous croyions aux gnomes qui soufflent de la brume, aux génies qui changent les jeunes filles en fruits, à la musique qui, comme le dimanche, a pour mission de reposer, d’élever. Souvent, le matin, nous nous passions la tête derrière la toile pour surprendre celui qui mettait des gouttes de rosée sur les feuilles de choux. Je couchais sous une fenêtre pour avoir le dernier le bonsoir de la lune, pour avoir le premier le salut du soleil.

bon réveil !

 

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Les miroitants – peinture sur rocher

Entrons dans ce nouvel été, avec quelques photos de la peinture sur rocher « les miroitants » réalisée dans le ravin au merle en 2019, et une page de Nan Sheperd tirée du livre « Dans la montagne vivante » (Christian Bourgois)

 

Pourquoi certains blocs de pierre, taillés en formes violentes et torturées, tranquillisent à ce point l’esprit, je l’ignore. Peut-être l’œil impose-t-il son propre rythme à ce qui n’est que confusion. Il faut regarder de manière créative pour voir en cette masse de rochers autre chose que des saillies et des sommets – la beauté. Sinon pourquoi depuis tant de siècles les hommes se sentent-ils rebutés par la montagne ? C’est un certain genre de conscience qui interagit avec les formes de la montagne pour créer ce sens de la beauté. Pourtant les formes doivent être là pour que l’œil les voie. Et des formes d’une certaine distinction : de simples mottes ne feraient pas l’affaire. Il s’agit, comme pour toute création, de matière imprégnée d’esprit. Mais le résultat est un esprit vivant, une lueur dans la conscience, qui périt avec la lumière. C’est quelque chose d’arraché au non-être, cette ombre qui glisse sur nous sans cesse et qui peut être tenue à distance par un acte créatif continuel. Ainsi, regarder simplement quelque chose, comme une montagne, avec l’amour qui pénètre son essence, c’est étendre le domaine de l’être dans l’immensité du non-être. L’homme n’a pas d’autre raison d’exister.

Pratiquer la peinture sur rocher donne à ressentir une altérité. Cela me permet de désapprendre les automatismes du regard et des gestes du peintre qui se font parfois « mécaniques ». C’est comme une renaissance, une régénérescence des émerveillements.
Le rocher avec ses surfaces multiples, accidentées, animées, pleines d’obstacles inattendus, incite, invite à la découverte, à l’exploration. Je pratique cette peinture au pinceau ou à main nue pour vivre le toucher.

C’est un jeu jubilatoire qui s’accompagne parfois du piaillement d’une volée de mésanges curieuses… Et lorsque rocher et peintre ont les pieds dans le ruisseau : des pépites de joie en perspectives variées !

Un bel été à vous.

 

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