Aube de neige de Lu Yu (1125 – 1210) qui a sculpté autour du lac, en paravent de jade blanc
les dix mille replis vers des montagnes en face de la salle du sud
ivre, le vieillard dans sa folie riant tout seul
avec sa canne de bambou dessine des caractères, la cour en est toute remplie
Luyu « Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise » – Edition Moundarren
une autre composition du même poème
Le dernier vers du poème
avec ma canne de bambou, je dessine des caractères, la cour en est toute remplie
Si loin que vous alliez, si haut que vous montiez, il vous faut commencer par un simple pas. traduction de Pierre Rickmanns – les Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère
une autre calligraphie de la sentence
la sentence calligraphiée en caoshu à droite et en xingshu à gauche
J’ai travaillé cette poésie avec Shi Bo dans deux cursus.
J’ai voulu voir où j’en étais aujourd’hui en calligraphie et ai donc décidé de reprendre ce travail.
A partir des modèles donnés par Shi Bo dans ses cursus, et du souvenir des conseils dispensés, j’ai travaillé les 3 styles : kaishu (régulier), xinshu (courant), caoshu (herbe folle).
J’ai aussi commencé à travailler cette même poésie d’après un modèle de Su Dong Po.
Le travail de calligraphie est sans fin …
终南望余雪
En contemplant la neige sur le mont Zhongnan
祖詠 Zu Yong(699?~746?)
終南陰嶺秀
積雪浮雲端
林表明霽色
城中增暮寒
Sur le mont Zhongnan quelle beauté du versant ombreux
Son sommet coiffé de neige perce les nuages moutonneux
Le ciel limpide se reflète dans le bois brumeux
Dans la capitale au crépuscule s’accroît le froid laiteux
Une poésie de Su Dong Po de saison,
calligraphiée en trois sytles : kaishu, xingshu, xingcao
書雙竹湛師房
Inscrit sur le mur de la chambre de maître Chan
au temple des deux bambous
蘇東坡 Su Dong Po(1037~1101)
暮鼓朝鍾自擊撞
閉門孤枕對殘釭
白灰旋撥通紅火
臥聽蕭蕭雨打窗
au crépuscule on frappe le tambour, à l’aube on sonne la cloche
porte close, sur l’oreiller solitaire face à la lampe qui s’éteint
je remue les cendres blanches, aussitôt le feu se ravive, rouge
allongé j’écoute « siao siao » la pluie tape à la fenêtre
« Le poêle et le poète et autres plaisirs poétiques de l’hiver » – Edition Moundarren
calligraphie en xingcao – 2021 – Corinne Leforestier
Il existe une autre interprétation de ce proverbe :
le musicien s’aperçoit que le buffle ne peut pas comprendre les mélodies jouées; il l’observe attentivement et change de rythme. L’animal réagit immédiatement …
Cela me rappelle une histoire arrivée à mon frère. Il s’exerçait à la bombarde (instrument à vent breton).
La fenêtre de sa chambre était ouverte. Les vaches qui se trouvaient dans le champs de l’autre côté de la rivière se sont mises à galoper vers lui et à danser dans la prairie !
Je vous souhaite pour 2021 de trouver la bonne musique pour enchanter et faire danser le monde qui vous entoure.
Voici pour celles et ceux qui veulent s’exercer à la calligraphie chinoise, ce même proverbe en trois styles.
De gauche à droite : kaishu, xingshu, caoshu.
Il fait froid et il neige à Chaudon; j’ouvre l’anthologie
« le poêle et le poèteet autres plaisirs poétiques de l’hiver » des éditions Moundarren,
la feuillette au coin du feu et m’arrête sur ce poème : « entendant une flûte »
Le texte me plaît, d’autant que j’entends Vahé jouer de sa nouvelle flûte à bec alto en arrière fond.
Je vais voir en fin de recueil quel en est l’auteur et découvre qu’il s’agit de Lu Yu. Décidément je rencontre souvent ce poète sur mon chemin !
entendant une flûte de Lu Yu (1125 – 1210) la neige volette, après quelques flocons déjà l’éclaircie à travers les tuiles percées le givre sévère accompagne la lune lumineuse soudain j’entends une mélodie, un homme au cœur noble joue de la flûte à la fenêtre l’accompagne ma voix qui scande un livre
le poêle et le poète – Edition Moundarren p 79
Le caractère 雪 xuě neige est composé des caractères : 雨yǔ pluie et 手shǒu main
Neige : la pluie et la main
→ la pluie qu’on peut retenir dans la main
Dans la montagne déserte
La pluie est tombée à nouveau
Le soir il fait déjà un temps d’automne
Le clair de lune se répand entre les pins
La source limpide galope sur le gravier
Des bambous parviennent
Des cris des lavandières sur le chemin de retour
Les lotus dansent au passage des bateaux
Les plantes printanières sont fanées depuis longtemps
Mais vous pouvez rester ici mes amis charmants
Traduction de Shi bo
Le premier vers de ce poème
Dans la montagne déserte la pluie est tombée à nouveau
Jia Dao (779 – 843) Passant la nuit au kiosque de la famille Li
à mon chevet pour oreiller une pierre du ruisseau
la source au fond du puits communique avec l’étang au pied des bambous
passant la nuit ici, à minuit le voyageur ne dort pas encore
seul, j’écoute la pluie au moment où elle arrive de la montagne
« De l’art poétique de vivre en Automne » – Edition Moundarren
Dans ce poème, deux caractères ont une forme en caoshu (herbe folle) très semblable alors que la forme en kaishu (style régulier) est différente. Il s’agit des caractères : 半bàn (moitié – une demi) et 未 wèi (ne …pas encore) :
半 bian : de haut en bas kaishu, xingshu et 2 formes de caoshu
Voyez-vous la différence dans la forme du bas ?
未 wei : de haut en bas kaishu, xingshu et caoshu
Un troisième caractère a également une forme presque semblable en xingshu (style courant) :
il s’agit du caractère 來 lái (arriver).
Ce caractère figurant dans de nombreux textes, il peut apparaître sous différentes formes.
Voici quelques variations : de gauche à droite –來 lái – calligraphié en kaishu, xingshu, et caoshu
En raison des ces ressemblances (faux amis ?), calligraphier en caoshu demande à la fois énergie, détente et concentration. C’est un vrai plaisir lorsque l’équilibre subtil est atteint. De nombreux exercices sont nécessaires.
Voici enfin deux autres compositions de ce même poème : la première dans le même format (70 x 45), le deuxième dans un format plus petit (50 x 37).
Les trois ensembles.
Une différence de composition existe entre celui du milieu et les deux autres : voyez-vous laquelle ?
Il s’agit de la signature → en deux colonnes sur celui du milieu et en une sur les autres !
Le nom de plume pinceau n’est pas le même non plus (d’où les différents sceaux).
au cours de l’été de Lu Yu (1125 – 1210) au bord de la rivière au flot gonflé le vent frais caresse mon visage
la lune s’est couchée, un essaim d’étoiles remplit le ciel
quelques barques de guingois dans la crique
d’une flûte un air mélodieux s’élève sur la montagne en face
L’art de la sieste « L’été » – Edition Moundarren
Dans ce poème, 6 caractères comportent le radical eau: 水 shuǐ
Il s’agit des mots ruisseau, monter, limpide, tomber, plein/rempli et confluent.
Les voici calligraphiés successivement en kaishu, xingshu et caoshu
ruisseau 溪 xī
monter 漲zhǎng
limpide清qing
tomber 落 luò
rempli, plein 滿 mǎn
confluent 浦 pǔ
le premier vers du poème
溪漲清風拂面
xī zhǎng qīng fēng fú miàn
au bord de la rivière au flot gonflé le vent frais caresse mon visage
Comme annoncé lors du précédent post, voici la balade de
wu wei (non agir) calligraphié en kaishu
Images et sons captés dans le ravin au buffle en mai 2020
Création à Chaudon – Mai 2020
La mise à jour de ce blog a été interrompue par un orage survenu le dimanche 26 avril : plus d’accès internet pendant presque un mois ! Les prémisses du monde d’après ?…