Dans le ravin : histoire d’un ruisseau – nouvelle gravure

Dans le ravin : l’une des 4 gravures travaillées cet été.

dans le ravin - histoire ruisseau

aquatinte au sucre sur cuivre 40 x 30 -2019 © Corinne Leforestier

Et deux extraits de « histoire d’un ruisseau » de Elisée Reclus

LE RAVIN

En descendant le cours du ruisseau, dans lequel viennent s’unir le torrent tapageur de la montagne, le ruisselet de la caverne, l’eau paisible de la source, nous voyons à droite et à gauche vallon succéder à vallon, et chacun d’eux, différent des autres par la nature de ses terrains, par la pente, l’aspect général, la végétation, se distingue aussi par la quantité des eaux qu’il apporte au lit commun de la vallée.

Presque en face d’un petit torrent babillard qui bondit avec joie de pierre en pierre pour se mêler à la masse déjà considérable du ruisseau, s’ouvre un ravin très incliné, le plus souvent à sec.

[…]

Il serait donc facile de remonter le ravin dans toute sa longueur sans avoir à se servir de ses mains pour une seule escalade; toutefois, celui qui aime la nature de près méprise le sentier battu et se glisse avec joie dans l’étroit espace ouvert entre les berges. Dès les premiers pas, il se trouve comme séparé du monde. En arrière, un détour de la gorge lui cache le ruisseau et les prairies qu’il arrose; en avant, l’horizon est brusquement limité par une série de gradins d’où l’eau, quand il en coule, descend en cascatelles; au-dessus, les branches des arbres qui bordent le défilé se recourbent et s’entrecroisent en voûte; les bruits du dehors ne pénètrent pas dans cette sauvage vallée presque souterraine.

Elisée Reclus (1830 – 1905) – Histoire d’un ruisseau

Cette gravure peut aussi être vue horizontalement. N’est-ce pas plus facile ainsi, de sauter de rocher en rocher ou de glisser de vasque en vasque ?

Ce phénomène d’inversion de point de vue se produit souvent dans mon travail : quand l’inspiration s’enfuit, je retourne la gravure en cours et la redécouvre d’un œil neuf !

C’est pour cela aussi que je signe au dos ainsi, le regardeur peut y voyager à son gré comme bon lui semble …

J’avais gravé une série de 8 gravures inspirée du même livre du géographe Elisée Reclus  « histoire d’un ruisseau » en 2013. Elles sont à retrouver dans ce diaporama ou sur mon site ici

 

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Un poème de Lu Yu : Crépuscule d’automne

un poème de Lu Yu calligraphié en xingcao en 2019 - © corinne leforestier

un poème de Lu Yu calligraphié en xingcao en 2019 – © corinne leforestier

暮秋 – 陸淤

舍前舍後養魚塘
溪北溪南打稻場
喜事一雙黃蛺蝶
隨人往來弄秋光

Crépuscule d’automne – Lu Yu (1125-1210)

devant la maison, derrière la maison, des étangs où l’on élève des poissons
au nord de la rivière, au sud de la rivière, des aires où l’on bat le riz
joyeux, deux papillons jaunes,
me suivent tandis que je vais et viens pour jouir du paysage d’automne

de l’art poétique de vivre en automne
Edition Moundarren p 55


et voici 2 autres calligraphies du même poème

un poème de Lu Yu calligraphié en xingcao en 2019 - © corinne leforestier

les 3 vues ensemble

un poème de Lu Yu calligraphié en xingcao en 2019 - © corinne leforestier

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Les Hommes volants

Les Hommes volants : l’une des 4 gravures travaillées cet été.

les hommes volants

aquatinte au sucre sur cuivre – 30×40 © Corinne Leforestier

Voici un  poème de Fernando Pessoa qui pourrait  faire écho…

♦♦♦♦♦♦

Plutôt le vol de l’oiseau qui passe et ne laisse pas de trace,
que le passage de l’animal, qui reste rappelé par le sol.
L’oiseau passe et s’oublie, et c’est fort bien ainsi.
L’animal, là où il ne se trouve plus et où par conséquent
il ne sert plus de rien,

montre qu’il s’y est trouvé, ce qui ne sert à rien de rien.

Le souvenir est une trahison envers la Nature,
Parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se rappeler c’est ne pas voir.

Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer !

Traduit du portugais par Michel Chandeigne, Patrick Quillier et
Marie Antonia Câmara Manuel
Fernando Pessoa : Le gardeur de troupeau – poèmes d’Alberto Caeiro –
Editions Christian Bourgeois 1989

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Un poème de Tsao Song : Journée d’été au pavillon de l’est

un poème de tsao song calligraphoé en xingcao

un poème de tsao song calligraphié en xingcao en 2019 – © corinne leforestier

夏日東齋朝代 -曹松

三庚到秋伏
偶來松檻立
熱少清風多
開門放山入

Journée d’été au pavillon de l’est – Tsao Song (IXe)

derniers tiers de l’été
à l’improviste j’arrive sur la balustrade sous les pins
la chaleur a diminué, le vent frais abonde
j’ouvre la porte et laisse entrer les montagnes

L’art de la sieste et autres plaisirs poétiques
Edition Moundarren p 124


et voici 2 autres calligraphies du même poème

poème de tsao song  calligraphié en xingcao en 2019 - © corinne leforestier

les 3 vues ensemble

poème de tsao song  calligraphié en xingcao en 2019 - © corinne leforestier

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Nature en chemin

L’un des motifs récurrents de ses toiles est celui de la route, du chemin, du fleuve qui s’éloigne. Si, en tant qu’élément formel, il a pour fonction de structurer fermement la composition, il agit aussi comme image métaphorique de l’appropriation des lieux par le cheminement, invitant le spectateur à pénétrer plus avant dans le paysage, comme si le peintre désirait l’entraîner sur ses pas pour l’introduire dans ces lieux aimés et maintes fois parcourus. 

Cette citation de Dominique Brachlianoff à propos des peintures de Sisley, pourrait souvent s’appliquer à mon travail artistique.

Le chemin, le sentier, la clue, le ravin : bref tout ce qui fait « passage » se retrouve souvent au cœur de mes œuvres. Elles sont une invitation à la balade quand le paysage s’ouvre devant soi.

Voici une peinture réalisée ce printemps où vous pourrez cheminer.

ur l’eau - technique mixte sur toile 120 x 120 – 2019

Sur l’eau – technique mixte sur toile 120 x 120 – 2019 © corinne leforestier

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Liu chang qing – Salut au départ de l’ermite

劉長卿-送上人

Liu chang qing (709-785) Salut le départ de l’ermite

calligraphié en caoshu – 50 x 70 © Corinne Leforestier

孤雲將野鶴
豈向人間住
莫買沃洲山
時人已知處

Liu chang qing (709-785)
Salut au départ de l’ermite

Un nuage solitaire accompagne
des oies sauvages
Elles ne viennent pas
se loger dans notre monde
N’achète pas la montagne Wozhou
Tu connais déjà où aller

Traduction de Shi Bo

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Un poème de Han Shan

un poème de Ha,Shan calligraphié en caoshu

calligraphié en caoshu sur papier de riz 50 x 70 © Corinne Leforestier

寒山詩

閑遊華頂上
日朗晝光輝
四顧晴空里
白雲同鶴飛

Un poème de Han shan (VII-VIIIè)

oisif je me promène sur le pic fleuri
soleil serein, jour rayonnant
je regarde alentour, le ciel est dégagé
quelques nuages blancs et une grue ensemble volent

Han Shan « merveilleux le chemin de Han shan » – Edition Moundarren


et voici 2 autres calligraphies du même poème

 

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Wei Yingwu – Rivière à l’ouest de Chuzhou

韋應物-滁州西涧

calligraphié en caoshu – 50 x 70 © Corinne Leforestier

獨憐幽草澗邊生
上有黃鸝深樹鳴
春潮帶雨晚來急
夜渡無人舟自橫

Wei Yingwu (737-790)
Rivière à l’ouest de Chuzhou

J’adore les herbes au bord de la rivière
Au-dessus des loriots gazouillent au fond des arbres
La pluie crépusculaire accentue la crue printanière
Un bateau solitaire en biais à l’embarcadère désert

Traduction de Shi Bo

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Les transparents : entre rêve et réalité

Voici un autre paysage qui surgit régulièrement.
Fait de rochers, d’eau, d’air, de personnages à découvrir : ici j’en ai trouvés deux (apparus inopinément et reconnus a posteriori) : une impératrice et un maître zen. Les trouverez-vous ?
Se rencontreront-ils ?

Les transparents - technique mixte sur toile 90 x 70 – 2019 © corinne leforestier

Les transparents – technique mixte sur toile 90 x 70 – 2019 © corinne leforestier

L’inspiration d’une telle peinture réside entre Rêve et Réalité.

Réalité,

car la peinture faite en atelier reflète un paysage intérieur qui s’est cristallisé au fil des balades et des croquis dessinés presque quotidiennement.

Il y en a des centaines. Ce sont des heures passées assise dans la lande à l’ombre des pins, ou sur les rochers au bord des ruisseaux : un vrai bonheur.

C’est comme une contemplation-méditation. L’exercice consiste, tantôt à  capter les grandes lignes du paysage, tantôt à comprendre par l’observation la genèse de la forme, et l’agencement des éléments les uns par rapport aux autres.

En voici quelques échantillons : des croquis des ravins de Chaudon.

12 croquis A4 horizontaux – encre de chine © corinne leforestier

Et enfin, les jours fastes, capter une « essence plus subtile » ?

2 croquis A4 verticaux – craie © corinne leforestier

Rêve,

car comme le dit Gauguin : « Un conseil, ne copiez pas trop d’après nature. L’art est une abstraction. Tirez-la de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qu’au résultat… ».

ou Klee

« L’art ne rend pas le visible, il rend visible. »
« Tout visible est un invisible élevé au rend de mystère. »

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Toujours la même peinture ?

En contemplant la dernière peinture en cours posée sur le chevalet, je m’interroge : d’où viennent ces deux ou trois paysages qui surgissent en variations multiples au fil des ans ?
Quels sont-ils : des souvenirs ? Des lieux à atteindre ?

Le jeu est toujours le même : il consiste à apposer des touches de peintures pour s’y perdre jusqu’à trouver où se reposer, puis s’imprégner des couleurs, des matières des atmosphères rêvées, imaginées.
Les éléments inspirants sont l’eau, la pierre, les arbres, souvent un chemin, parfois une vue plongeante comme si le paysage survenait du regard d’un oiseau.
Toujours la nature et l’homme dilué jusqu’à l’effacement comme dans ce poème de René Char :

♦♦♦♦♦♦

[…] Tour à tour, coteau luxuriant, roc désolé, léger abri, tel est l’homme, le bel homme déconcertant.

Disparu, l’élégance de l’ombre lui succède. L’énigme a fini de rougir.

Nota. – Cessons de miroiter. Toute la question sera un moment, de savoir si la mort met bien le point final à tout. Mais peut-être notre cœur n’est-il formé que de la réponse qui n’est point donnée ? […]

Extrait du rempart de brindilles – Les Matinaux – René Char
Poésie / Gallimard p 121

les miroitants

Les miroitants (en cours de création) – technique mixte sur toile 120 x 120 – 2019- ©Corinne Leforestier

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